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Abbé de Raynal, Histoire des deux Indes 1770-1780

Voici un dialogue argumentatif entre deux thèses opposées, en pleine traite négrière. Tout en restituant des arguments adverses, l'auteur penche plutôt contre l'esclavage, ce qui nous fait adhérer à cette opinion avec lui. En reprenant un à un tous les arguments de l'esclavagiste, son opposant réaffirme que personne n'appartient à un autre homme, que personne ne peut se vendre ou être vendu.

Analyse de Julien B., Elliot C. , Mattéo L., Maxime L.

-Les Nègres sont une espèce d'hommes nés pour l'esclavage. Ils sont bornés, fourbes, méchants; ils conviennent eux-mêmes de la supériorité de notre intelligence, et reconnaissent presque la justice de notre empire.

-Mais les Nègres sont bornés, parce que l'esclavage brise tous les ressorts de l'âme. Ils sont méchants: pas assez avec vous. Ils sont fourbes, parce qu'on ne doit pas la vérité à des tyrans. Ils reconnaissent la supériorité de notre esprit, parce que nous avons abusé de leur faiblesse. Dans l'impossibilité de maintenir notre supériorité par la force, une criminelle politique s'est rejetée sur la ruse. Vous êtes presque parvenus à leur persuader qu'ils étaient une espèce singulière, née pour l'abjection et la dépendance, pour le travail et le châtiment. Vous n'avez rien négligé, pour dégrader ces malheureux, et vous leur reprochez d'être vils.

-Mais ces Nègres étaient nés esclaves.

-A qui, barbares, ferez-vous croire qu'un homme peut être la propriété d'un souverain; un fils, la propriété d'un père; une femme, la propriété d'un mari; un domestique, la propriété d'un maître; un esclave, la propriété d'un colon? Être superbe et dédaigneux qui méconnais tes frères, ne verras-tu jamais que ce mépris rejaillit sur toi? [...]

-Mais c'est le gouvernement lui-même qui vend les esclaves.

-D'où vient à l'état ce droit? Le magistrat, quelque absolu qu'il soit, est-il propriétaire des sujets soumis à son empire? A-t-il d'autre autorité que celle qu'il tient du citoyen? Et jamais un peuple a-t-il pu donner le privilège de disposer de sa liberté?

-Mais l'esclave a voulu se vendre. S'il appartient à lui-même, il a le droit de disposer de lui. S'il est le maître de sa vie, pourquoi ne le serait-il pas de sa liberté? [...]

-L'homme n'a pas le droit de se vendre, parce qu'il [...]appartient à son premier maître, Dieu, dont il n'est jamais affranchi.

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