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Et voici les textes de notre production finale , intitulée "L'humanité m'engage de vous faire part..." (première phrase de la lettre "repentir" de Castellan du Vernet au Gouverneur de l'île Maurice en 1776). Nous avons rédigé les dialogues de chaque scène et les paroles des chansons. Pour les rythmes, les étudiants et élèves musiciens nous ont largement guidés.

 

Décor : table avec pagne, accessoires musicaux, chaises malgaches ; vidéo projections : île Tromelin, T. Louverture, A. Césaire

Lieu : intérieur France années 80.

Contexte : enfant malgache, famille récemment émigrée

Personnages : Mino, l'enfant (Gérald, Francesco) ; Lova, la mère (Lorine, Nina) ; Toky, le père (Maxime L. Julien B.)

Costumes : tous les participants sont vêtus de noir.

 

                                               SAYNÈTE JOUÉE (scène 1)

Les parents sont au salon, lisant et préparant des instruments de musique ; le père a le bulletin du fils en mains.

Toky    : Mino ! Viens ici !

Mino   : Oui…

Toky    : Nous venons de recevoir un courrier de ton Directeur (papier à la main).

Lova    : Tes résultats sont sérieusement en baisse en ce moment. Que se passe-t-il ?

Mino   : Mes camarades ne font que m'embêter…

Toky    : Pardon ! (en colère) Nous venons à peine d'arriver en France et tu rejettes déjà la faute sur tes camarades ! Tu ne travailles jamais, tu es toujours retranché à pleurer dans ta chambre !

Lova    : Toky ! (elle s'interpose entre lui et son fils), calme-toi et laisse-moi lui parler. Raconte-moi mon fils. (Ils s'assoient, rapprochement)

Mino   : Mes camarades se moquent sans cesse de moi…

Lova    : Mais comment cela ?

Mino   : Ils imitent le singe et son cri. Ils me surnomment « l'esclave ». Je leur demande pourquoi  et ils me disent…

Lova    : « Tu es noir », c'est ça ?

Mino   : Oui ! Voilà...(air triste, abattu, sanglots)

                                               PERCUSSIONS, RYTHME WORKSONG

 

Mais qu'est-ce que j'fais ici ?

Aussi loin d'mon pays

Rien d'bien compliqué

J'veux juste la liberté

 

Refrain :

Partir, partir

Pour ne jamais revenir

Partir, partir

Pour un meilleur avenir

 

Ils nous l'avaient promis

Mais ils se sont enfuis

Quinze ans plus tard

C'était déjà trop tard

 

Refrain (bis)

                                               SAYNÈTE JOUÉE (scène 2)

Mino   : J'en peux plus ! (excédé, se tient la tête dans les mains, tape du pied) Qu'est-ce que j'ai fait  et même qu'est-ce que nous avons fait pour en arriver là ? Et puis, c'est quoi un esclave ?

Lova    : C'est tellement compliqué…

Mino   : Papi le savait lui, il savait tant de choses… J'aimerais tant retourner à Madagascar !

Toky    : Ton papi était un descendant direct de l'esclavage, mon fils. Un esclave est une personne     non-libre, sous la dépendance absolue d'un maître, exerçant des travaux forcés.

Mino   : Mais pourquoi nous faisaient-ils cela ?

Toky    : L'argent, l'or, le pouvoir...Les hommes ne rêvent que de fortune, de richesses… et de trafics      en comptoirs, on a fini par être vendus, nous les hommes de couleur comme ils disent !

Mino   : Papi en était donc un ?

Lova    : Ton grand-père avait une arrière-grand-mère ayant vécu 15 ans sur l'île de Tromelin.

Mino   : Tromelin ?? (se tournant vers la carte) Mais c'est à côté de Madagascar !

 

 

                                               UKULÉLÉ ET CHANTS, RYTHME REGGAE

Nous la voulons cette liberté

Nous nous sommes tous unis

Pour rentrer dans notre pays

Oui, on nous l'a volée

Notre belle liberté

 

Dirigés par des coupables

Sur ces terres misérables

Nous étions abattus

Nous avons survécu

Nous étions dépourvus

Sur cette île inconnue

 

Refrain 

 

Fuir pour ne plus revenir

Survivre pour ne plus l'revivre

Partir pour ne plus servir

Se révolter et enfin vivre

 

Reprise collective du refrain 2 fois

 

                                               SAYNÈTE JOUÉE (scène 3)

Mino   : (avec colère) Mais moi, je ne veux pas m'enfermer, me laisser humilier, entendre leurs cris, leurs insultes !

Lova    : Tu as raison mon enfant, bats-toi comme d'autres ont refusé le pire, l'horreur, l'esclavage :  bats-toi, tu as raison. Regarde Toussaint Louverture (se tourne vers son portrait), héros en      Haïti, héros de Paris, si fort, si puissant jusqu'au fond du Jura, dans sa sombre prison.

Toky    : Écoute Aimé Césaire (se tourne vers son portrait) chanter ses luttes et sa Négritude.

Mino   : Mais comment faites-vous pour vivre avec cela ?

Lova    : Tu ignores et tu passes ; ces personnes ne méritent aucune attention.

Mino   : Mais moi, je ne veux pas fuir ! (gestes de révolte)

Toky    : Alors, ne fuis pas !

Lova    : Sois fier de ce que tu es. Car si tu veux qu'ils t'acceptent, tu dois t'accepter toi-même.

                                               PIANO, SAXOPHONE ET CHANSON RAP

Ils nous parlent de races

Sommes-nous pas humains

N'vous voilez pas la face

Nous sommes pas des pantins

 

Refrain  (bis)

« Esclaves » sont des cris qu'on n'entend plus

L'abolition a étouffé ce genre d'abus.

 

Solo saxo

 

Arrachés, enchaînés, plus aucune fierté

Pour notre liberté Plus jamais, plus jamais

Enfermés et brisés

Humiliés et blessés

Descendus en enfer

Livrés au feu, aux fers

Plus de joie, plus d'amour

La misère pour toujours

Cargaison de bétail

On n'a plus rien qui vaille

Je rêve d'un autre part

Sans haine et sans rempart

Entr'homme blanc et homme noir

Il nous faut juste un peu d'espoir.

 

Solo saxo

 

Refrain (bis)

Refrain tous (2 fois)

 

Solo : L'abolition a étouffé ce genre d'abus.

 

FIN

 

Les deux premiers clichés de cette page nous ont été gracieusement  prêtés par Alexandrine Civart-Racinais.

 TROMELIN 2015 © Alexandrine Civard-Racinais

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